Andrej Berg
120 enfants vont dans notre ècole
Durant les six derniers mois, il y a eu des hauts et des bas concernant notre projet au Congo : une période forte en émotions ! Parmi les points positifs ; notre troisième interview avec la TV München et une vidéo montrant notre travail à Mushapo sur YouTube. En ce qui concerne les fondations pour la construction de l’école, nous avons fait face à un coup dur : nous avons été informés que la ferme a été fermée. Il semblait alors que notre projet devrait s’arrêter là, il n’y avait plus d’électricité, plus d’eau, plus de connexion Internet, plus de lit, ni de chaise ou de table… Nous étions seuls au milieu de la brousse à chercher des solutions. Heureusement, grâce à l’aide inattendue d’amis, nous avons retrouvé le courage de continuer sans la ferme.
Jean, l’ancien directeur de la ferme, était prêt à travailler pour la moitié de son salaire car il sait que nous-mêmes nous travaillons bénévolement et que nous devons trouver de l’aide et du soutien pour tout ce que nous entreprenons. Par la suite, nous avons une nouvelle fois rencontré Philippe, le manager d’une grande entreprise à Tshikapa qui nous avait déjà aidé à transporter le matériel stocké à Kinshasa jusqu’à Mushapo : Une mission sur plus de mille kilomètres sur des chemins très difficilement praticables et parfois en bateau sur les fleuves du Congo et du Kasai. Son entreprise nous aide également pour le transport entre Tshikapa et Mushapo et de bien d’autres différentes manières, ce qui nous facilite beaucoup le travail. Pour le transport sur place, nous avons deux pousse-pousse car il n’y a plus de voitures là-bas. Lorsqu’un autre ami eût entendu que nous n’avions plus d’électricité, il nous a tout de suite fourni un générateur pour le strict nécessaire. Etant donné que le projet a été retardé avec la fermeture de la ferme, nous avons demandé aux propriétaires s’il était possible d’utiliser les immeubles vides durant la phase de construction de l’école. Ils ont accepté et mettent également leur terrain agricole à notre disposition. Une décision aussi importante pour eux car cela évitera que le terrain ne devienne à nouveau désert. Nous avons accepté avec plaisir car il nous faudra encore attendre avant de pouvoir cultiver notre propre terrain.
Wolfgang, Jos et Jean font les préparatifs à Kinshasa et se procurent graines, aigrins et nourriture pour les prochains mois. Manuela d’Allemagne s’est aussi jointe à nous pour nous aider avec Blandine, infirmière et maîtresse d’école à Kinshasa. Dès que la première équipe fut arrivée dans les bâtiments de l’ancienne ferme, deux bâtiments furent transformés en quatre salles de classe et les cours ont tout de suite pu commencer. Nous en sommes très reconnaissants envers les chefs de village, les enfants et l’ensemble du village. Bernard, directeur de l’école et trois autres instituteurs venants du village voisin font désormais partis de l´équipe.
Plus nous travaillons dans les environs, plus nous constatons à quel point il est difficile d´offrir une éducation continue aux enfants parrainés. En effet, la population est très nomade et à la recherche perpétuelle de diamants. Malheureusement il y en a très peu et cela ne suffit pas à la survie des familles. Ainsi, une solution plus durable pour la population locale serait de se concentrer sur le développement de l´agriculture et de l´élevage ; mais beaucoup espèrent encore faire une grande trouvaille et se déplacent dès qu´ils entendent qu´il y a plus de diamants ailleurs. De plus, leurs maisons en torchis ne sont pas très solides et ne sont qu´une solution provisoire et les quelques affaires qu´ils possèdent peuvent être transportées facilement.
Les enfants sont considérés comme de la main d´oeuvre pour creuser, chercher de l´eau, préparer le repas ou encore faire le ménage. Selon les statistiques des Nations Unies, un tiers des enfants à Katanga travaillent dans les mines et carrières. Cette situation représente un obstacle considérable à l´éducation des enfants et à l´ensemble de notre programme de parrainage. Nous allons faire de notre mieux afin d´amener la population à penser différemment, penser au futur de leurs enfants et à demain ; une tâche très difficile. Dans tous les cas, nous sommes heureux que notre projet d´agriculture et la construction de l´école aient pu commencer.
D´autre part, nous nous établissons peu à pour Lenka qui était très malade et avait besoin d´un suivi médical. Heureusement, Lenka a pu guérir sans avoir recours à une opération et reprend tout doucement des forces. Anissa est maintenant à l´école maternelle et apprend le tchèque. Nous avons également rencontré beaucoup de personnes intéressés par notre travail et voulant nous aider.
Bâtiments scolaires pour Mushapo
Avant d’arriver à Mushapo, nous avons rencontré quelques amis à Kinshasa qui ont été très enthousiastes à propos de ce projet et souhaitent également nous soutenir. La CAA, la plus grande compagnie aérienne établissant le trajet Kinshasa-Tshikapa, souhaite nous sponsoriser régulièrement le trajet vers Tshikapa qui est la plus grande ville aux alentours de notre projet. La fondation Vodacom va nous fournir des bancs et pupitres. D’autres personnes nous soutiennent également financièrement et nous ont proposé de chercher davantage d’aide pour notre projet. Merci à tous pour votre soutien !
Nous avons distribué du matériel éducatif dans plusieurs écoles et orphelinats à Kinshasa de la part des « Activated Ministries US », qui ont fait le bonheur des enfants et directeurs. Chaque année nous apportons de la nourriture à un orphelinat, cette année nous avons également pu ramener des vêtements, chaussures, des choses dont Anissa n’a plus besoin, des jouets pour enfants et bébés.
Lenka et Anissa sont allées à Prague rendre visite à certains amis. Ce voyage leur a permis de trouver de nouvelles personnes souhaitant nous soutenir. Elles ont également fait une présentation sur notre projet au Kongo dans une école à Pisek à 100km de Prague. Les enfants étaient très enthousiastes de voir Anissa car ils n’avaient encore jamais vu d’enfant africain auparavant. Tous voulaient prendre une photo avec elle et lui poser de nombreuses questions.
Lorsque Jos et Wolfgang atterrirent à Tschikapa, Guy de la ferme SADR avait organisé une réunion avec deux directeurs d’école afin de trouver de bons instituteurs. Il a également organisé du matériel nécessaire à la construction de l’école tel que des barres de fer, du bois, des clous, de la tôle pour le toit, les portes et les fenêtres. Jean, le manager de la ferme et son équipe ont ramené du sable, du gravier, du ciment et de l’eau et ont commencé le travail. Il a également organisé une équipe de maçons et supervise le projet.
Les écoliers se sont réjouis des peluches, balles et ballons, friandises que nous leur avons ramené. Nous avons rencontré le comité éducatif et le chef de tribu, Mbumba Ntumba, afin de discuter des prochaines étapes. C’est avec beaucoup de gratitude qu’ils soutiennent la construction de l’école : d’une part parce qu’il n’y en a encore jamais eu et d’autre part car elle sera différente de celles des villages voisins où les enfants s’assoient sur des branches ou à même le sol et dont le toit, en paille, résiste mal aux intempéries. C’est très bouleversant de voir dans quelles conditions ont lieu les cours. Il y a tant d’enfants, beaucoup de potentiel ; si seulement ils pouvaient recevoir une bonne formation. Notre but est ainsi de trouver une solution durable contre la pauvreté à travers une éducation adaptée ! Cette école sera solide, résistante et meublée avec de vrais bancs scolaires. Les deux salles de classe pourront accueillir 60 enfants le matin et l’après-midi permettant l’éducation de 120 enfants. Nous ne demanderons aucune exonération, contrairement aux autres écoles du Congo.
Nous sommes également très reconnaissants envers l’ambassade allemande qui soutient le financement du bâtiment et envers la ferme SADR dont Michel est l’organisateur, Guy utilise ses contactes afin de trouver le matériel nécessaire à Tschikapa et Jean supervise l’équipe sur place.
C’est pour nous à la fois un grand plaisir d’avoir débuté ce projet mais cela nous brise aussi le coeur de voir combien d’enfants n’ont jamais eu accès à l’éducation. Nous souhaiterions accueillir encore plus d’enfants mais pour cela nous aurions besoin davantage de soutien financier pour de nouveaux bâtiments et davantage de cours. Peut-être pouvez-vous également nous aider à trouver des personnes et organisations pouvant soutenir notre projet. Merci beaucoup !
Désurbanisation, aide pour les villageois
La plupart des organisations caritatives travaillent à ou autour de Kinshasa, ou dans les villes de l’est les plus touchées par la guerre. Le reste du pays est plutôt laissé à l’abandon. Les infrastructures les plus basiques, telles que des routes, sont inexistantes ; ce qui fait considérablement augmenter le prix des marchandises. Un sac de ciment à Kinshasa coûte 14$ et 39$ à Tshikapa. Il faut y rajouter le coût du transport jusqu’au village sachant qu’un litre de gasoil coûte 1,4$ à Kinshasa et 3$ à Tshikapa.
Nombreux sont ceux qui migrent vers les villes dans l’espoir de gagner de l’argent et qui aspirent à un plus bel avenir. Malheureusement peu de villageois y trouvent un travail et tombent dans la pauvreté.
Nous avons adopté un bébé abandonné par ses parents ; mais il y a de nombreux enfants abandonnés chaque jour car les parents sont dans une telle situation de détresse qu’ils ne savent plus quoi faire. Les peuples vivants dans la brousse affirment que c’est une chose qu’ils seraient incapables de faire quel que soit leur degré de pauvreté.
Il y a plus de 70 orphelinats à Kinshasa avec environs 4 000 orphelins et 17 000 enfants des rues. Environs 80% de la population n’a pas de vrai travail. Nous avons entendu que quatre familles vivent dans une même maison avec une chambre par famille y compris tous les enfants. Elles se partagent la cuisine, les toilettes et le salon. En grandissant, les enfants partent et vivent dans la rue où les filles se prostituent très jeunes. Il arrive aussi que des familles entières vivent dans les rues car elles ne trouvent nulle part où s’héberger.
Comment pouvons-nous stopper ce fléau? Malgré toutes les difficultés et les obstacles; nous espérons pouvoir prouver que les choses peuvent changer. Notre objectif est d’une part d’offrir l’accès à l’éducation gratuitement et de développer l’agriculture dans la brousse, mais aussi d’offrir un nouveau regard sur la vie aux populations des villages. Parallèlement nous essayons de convaincre les personnes influentes et plus riches de nous aider, dans le but de construire davantage de fermes et d’écoles.
Lors de notre voyage en Europe, ayant pour but de trouver davantage de soutien ; Michel, Marc et leur équipe de la ferme de Mushapo avaient déjà commencé à acheter le matériel nécessaire à la construction de l’école. Ils ont produit 14 000 briques à partir d’argile, débroussaillé le terrain et fait les mesures préalablement nécessaires à la construction du bâtiment. D’autre part, ils ont préparé le bois pour le toit et les fondations. Nous attendons encore le moment opportun pour acheter le ciment, car il est encore très cher en ce moment. En janvier, nous prévoyons d’y retourner avec Michel afin de voir l’évolution du projet.
Nous remercions tout spécialement l’ambassade allemande à Kinshasa pour avoir subventionné le matériel de construction. Ils ont considéré que « le projet est structuré et qu’il est situé dans une zone où il y a très peu d’aide. Cela a joué en votre faveur ». Nous sommes également très reconnaissants envers tous ceux qui permettent de couvrir les frais de notre équipe et de l’ensemble des ouvriers. Presque tous les 120 enfants qui veulent aller à l’école sont parrainés, mais pas tous. Faisons ce que nous pouvons pour donner espoir aux habitants de la brousse et leur offrir une vie meilleure sans qu’ils n’aient besoin de migrer vers les villes et les problèmes qui en sont liés. Merci pour votre aide, nous l’apprécions énormément.